Rédaction(s) :D

« Aujourd'hui nous allons étudier les syllogisme ! », tonne le professeur de mathématique* en entrant
dans la salle. Il se dirige au bureau, y pose son sac -perpendiculairement- et en sort avec un calme méticuleux sa trousse puis un cahier -parallèlement à la trousse. Il parcourt la salle du regard.
« - Quelqu'un peut-il me dire de quoi s'agit-il ?
- Un syllogisme est une déduction formelle entre trois propositions logiquement impliquées, lui répond le premier de la classe., et l'exemple le plus courant est... »
Je n'écoute plus. Je le sais déjà. De plus, mon voisin**, qui me tiens compagnie lors des cours les plus rébarbatifs, vient de me poser une question :
« - Tu l'aime ?
- Mais bien sûr que je l'aime encore !
- Alors pourquoi tu ne vas pas lui parler ?
- ...
- Il*** est timide tu sais... Pourquoi tu ne vas pas lui parler ? Tu as peur ? »
Peur ? Moi ?! Mais comment osa-t-il ? Il continue de me fixer avec cet air étrange. Il va falloir que je lui réponde. Sinon il ne cessera pas de me regarder de la sorte ; il lit en moi comme dans un livre ouvert. Faire vite. Et trouver une explication plausible. Ou de détourner la conversation.
« - Tu sais, ce n'est pas si facile... Je sais très bien qu'il faut que j'aille le voir... Mais je n'y arrive pas...
C'est pourtant simple, non, de dire ''Bonjour ''? Mais les mots ne sortent pas. Ça simplifierait les choses s'ils venaient tous seuls. J'accepterais même la version simplifiée ''Salut''. Mais non. C'est un ensemble. Et puis la vie est moche. En plus elle est compliquée. Elle est moche est compliquée. Je pourrais même commencer par une des absurdités que j'écris en abondance. ''La banane est jaune. La porte est jaune. La porte est une banane.''
Quoique... pas si absurde que ça... Tout est une affaire de noms, de mots... Les mots le véritable problème. Une invention ridicule et humaine. Pour expliquer ce que l'on ne comprend pas. Pour tenter de s'approprier des choses, des êtres, une situation alors que c'est bien évidemment impossible. Les gens, les objets, n'appartiennent à rien ni personne ; ils nous tiennent juste compagnie. »
Je m'arrête hors d'haleine. « Continue tu vas complètement l'embrouiller. » Il est perdu. Je continu :
« - Les noms n'ont aucune importance. Banane, Rose, porte, amour, stupidité. L'ordre n'a plus guère d'importance désormais. Ainsi donc une rose continuerait d'embaumer l'air de son parfum capiteux quand bien même on lui retirerait son titre. Rose n'est autre que parfum, stupidité n'est autre que moi, amour n'est autre que lui. Et la porte ? Et bien, la porte est jaune. La porte est une banane. »
Mais ce n'est que mon point de vue humain et égoïste, qui m'empêche d'aller lui parler.
Mon voisin a l'air égaré ; mais un éclair de compréhension passe soudain dans ses yeux sombres.

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