Rédac' lettre de Gide P'tite Emma

Composition française du brevet blanc :

Sujet : Gide écrit une lettre à un proche pour lui raconter cet épisode. Il y fait part de ses sentiments et de ses réflexions sur le poids des préjugés. Rédigez cette lettre.


Mon cher ami,

Je suis si ravi de pouvoir t'écrire à nouveau ! Tu ne peux pas t'imaginer la joie qui m'étreint le coeur à l'idée
C'est rempli de nostalgie que je trempe ma plume dans l'encrier. Même après tant d'années qui nous ont inexorablement éloignés, je me souviendrai toute ma vie avec la même intensité des merveilleux moments que nous avons passés ensemble... Pourtant, nous étions si différents... C'est sûrement cela qui nous a rapprochés. Notre unique point commun : la passion de la lecture qui nous dévorait continuellement - et c'est toujours le cas.
Le destin est parfois étrange, te rends-tu compte, cela faisait si longtemps que nous étions dans la même classe, et jamais nous ne nous étions échangé un seul regard. Il est vrai que ma timidité me fixait tant de limites !
Toi, c'était différent ! Toujours le premier partout, un peu bavard, avoue-le, sympathique et j'en passe. Je t'admirais tant... Tu étais mon modèle, la perfection personnifiée ! Tu représentais tout ce que je rêvais d'être.
Te souviens-tu de Dietz ? Il m'impressionnait tant avec son regard inquisiteur ! Je n'ai jamais osé le regarder en face. Le jour où il a annoncé les résultats de cette fameuse composition... "Premier, Gide !" J'ai vraiment cru rêver. J'étais sur le point de m'évanouir, non pas de satisfaction, mais d'angoisse. J'ai toujours un peu honte des pensées qui m'ont traversé l'esprit en cet instant.
Peur de quoi, vas-tu me dire. Peur de ta réaction, de toi. La timidité est un sentiment horrible. L'on n'est jamais à la hauteur de rien, on appréhende chaque seconde de son existence en se rongeant les sangs dans l'attente d'un coup qui ne vient pas.
Et tant de préjugés ! J'étais vraiment idiot !
Le mal était partout autour de moi, dans ma propre tête, il me lancinait inconsciemment et déformait toute vérité. J'étais vraiment tétanisé à l'idée d'attiser la jalousie, les représailles, de te faire de l'ombre...
Tu ne peux pas t'imaginer à quel point j'appréhendais la récréation !
Quand je t'ai entendu t'approcher derrière moi, quand je t'ai vu sourire, tu ne peux pas te rendre compte du sentiment qui m'a envahi. Je ne suis senti si léger...
Tout a commencé par là. Je me souviens de ce livre, le "Buch der Lieder", qui a une signification pour moi à présent au-delà de tout autre livre. C'est le livre de l'amitié.
Tu sais, je t'écris ces lignes aujourd'hui car le poids des années s'alourdit peu à peu, et tant de choses que je ne t'avais jamais avouées remontent à la surface. Il fallait que je te raconte cela, que j'aie encore et encore l'occasion de te rapeller, pour que tu ne l'oublies jamais - m'entends-tu, jamais - que rien, ni le temps ni les âges n'auront raison de notre amitié. J'y repense souvent ces derniers temps, et dans une relation comme la nôtre on oublie parfois l'essentiel ; mais moi, je n'oublierai jamais ce que tu m'as apporté, cette ouverture d'esprit, cette intelligence -du coeur, bien entendu- vive et pétillante que tu m'as transmises, et surtout, cette confiance en moi qui était reléguée dans un recoin de mon âme, prête à s'éteindre... Tu m'as fait renaître ! Jamais je ne me serais imaginé, même dans mes rêves les plus fous, que mon meilleur ami, et je n'en trouverai jamais d'autre, dussé-je vivre deux cent ans, s'appellerait Pierre Louis.

Ton affectionné
André, alias Petit Gide.

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Je l'ai toujours pensé...Tu es un génie, tu as eu combien???

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